En novembre 2023, je me suis vu offrir un cours de brassage de bière chez Les Houblonneurs, dans le 17ème arrondissement de Paris. Un beau cadeau avec 2 sessions : une de brassage de 4 heures, une d’embouteillage de moins de 2 heures.

Comment se déroule ce stage ?

Après s’être inscrit sur le site (au maximum 3 semaines à l’avance), j’ai pu me rendre dans leurs locaux du 32 rue Lemercier à 18h. Faut s’accrocher : on est partis pour 4 heures de brassage !

L’équipe vous accueille avec le sourire et vous mets tout de suite à l’aise, avec la douzaine d’autres participants (tous par binômes). Que vous vous y connaissiez en bière ou non, vous en apprendrez forcément, du processus de base du brassage aux bonnes pratiques pour brasser efficacement et en sécurité.

La première session est la plus fournie et la plus technique du stage. Au programme :

• Choix de votre bière : et il y a du choix. Notre coup de coeur : la double IPA ou « Imperial IPA », pour l’amertume caractéristique des IPA, et une teneur en alcool autour de 7 degrés.
• Pesée et concassage en deux fois des grains d’orge. Les sacs viennent du groupe Soufflet, géant des céréales et malteries, appartenant maintenant au Groupe InVivo.
• Empâtage des grains dans l’eau : à vos bras, prêts, mélangez ! Une étape longue où l’on remue les grains dans l’eau afin de libérer des sucres (qui donneront l’alcool). Si l’on ne veut pas se retrouver avec une bière à 3°, mieux veut bien remuer, tout en étant délicat pour préserver la mousse du dessus qui préserve la bière pour éviter toute contamination. Vous devrez filtrer le mélange et vous pourrez garder les drèches (très utiles pour faire des granolas salés et des patisseries anti-gaspi).
  La température augmente et ce n’est pas que les calories que vous dépensez : on chauffe le mélange pour aider à libérer les sucres.
• On laisse venir chauffer voire bouillir. Le temps pour les équipes de vous rappeler que pour nos ancêtres les Gaulois, boire de la bière étant plus sûr que boire de l’eau.
  Le temps que cette étape se fasse, vous êtes invités à déguster des bières des sessions précédentes : prévoyez vos ravitaillements salés et sucrés pour accompagner la dégustation.
• Refroidissement de la bière : cela peut vous rappeler des cours de chimie. Celui du binôme qui ne tient pas le « whirlpool » (tuyaux de refroidissement) sera de vaisselle !
• Ajoutez votre houblon et la dose de levure.

Vous êtes venus à bout de la première session, vos chaussures collent peut être un peu des préparations renversées. Deux semaines passent et vous voilà de retour, avec tous vos camarades de la session précédentes. La bière a pu fermenter correctement.

Cette partie sera plus ludique avec un programme moins chargé :

• Choix et impression de vos étiquettes : l’originalité est de mise !
• Ajout du sucre pour la fermentation gazeuse qui aura lieu en bouteille. Sinon vous vous retrouverez avec de la soupe…
• Embouteillage et encapsulage de la bière : avec vos 22 litres produits, vous remplirez plus de 40 bouteilles de 50cl.

Il n’y « plus qu’à » les ramener chez vous ou dans leur lieu de stockage des 5 prochaines semaines. Eh oui ! La fermentation gazeuse nécessite 5 semaines avant dégustation. Encore un peu de patience….

Retour aux racines et aux champs pour les parisiens ?

Même si je rentre sûrement dans le coeur de cible de cette activité, on ne peut s’empêcher de vouloir faire un pas de côté et de se demander : pourquoi ce type de stage fonctionne-t-il si bien sur Paris et dans les grandes villes ?

Explication #1 : la consommation de bières en France

Si les Français consomment moins d’alcool, la bière garde une belle part ! Elle a baissé depuis 1960 mais regagne quelques points depuis 2010. C’est un produit de consommation courante, mais avec des gammes de qualité différentes, et des saveurs qui varient beaucoup : l’idéal pour toucher le plus de consommateurs possible.

La bière regagne aussi en popularité. Longtemps vue comme un alcool cliché des classes modestes du Nord, elle devient un produit au goûts fins avec l’arrivée de bières dites « craft », ou bières artisanales. Leur part de marché est grandissant sur le marché : le volume de ventes a doublé entre 2016 et 2020 (Source : Xerfi).

La tendance des « craft beers » se retrouve en France et en Europe, avec des brasseries comme Gallia (ultérieurement rachetée par Heineken), Demory, BewDog, BapBap, Camden.

Explication #2 : le besoin des Français de se réapproprier leur consommation

C’était le grand sujet de la rédaction pour Les Echos Start entre 2016 et 2021 : les citadins cadres supérieurs qui deviennent artisans. Parfois qualifiée de « brown-out », cette situation de manque de sens dans sa vie professionnelle est symptomatique de la vie citadine des classes supérieures. Mais au plus global et avant cette étape fatidique, les consommateurs veulent aussi du sens dans leur alimentation : plus durable, plus bio, certes, mais qu’ils comprennent !

C’est là que ce stage est intéressant et permet de mieux comprendre un produit qu’ils consomment, le tout avec la fierté de dire « C’est moi qui l’ait fait » !

Le stage de brassage des Houblonneurs : une belle expérience en plein Paris

Ce stage chez les Houblonneurs en vaut la peine ! Un personnel encadrant qui vous sera dédié pendant la séance, une ambiance de « copains » avec les autres participants que vous ne connaissiez pas la veille.

A voir ce que donnera ma dégustation du brassin après les 5 semaines de fermentation, mais on est sûr de ne pas être déçu.

Prix du stage pour un brassin : 160€.

D’autres établissements proposent des offres similaires : La Beer Fabrique (au même prix), Ma Bière (170€).